– C'est vrai, je n'ai pas de travail, mais je ne suis pas illettré, c'est ça ma tragédie... J'ai un diplôme.
– Encore un mensonge !
– Si j'avais de beaux habits et une voiture, vous ne m'auriez pas appelé inutile... Dommage que les pauvres oublient les pauvres.
– Vu mon allure, je garde toujours mon diplôme sur moi, regardez...
– Je suis désolée... mais je ne comprends pas pourquoi vous avez cette attitude de clown.
Raj va dessiner au tableau :
– Pour cacher son désarroi, rien ne vaut le masque du clown (on les voit déjà dans le générique).
– Attendez, ne partez pas, je peux vous aider ?
– Maintenant, je vais suivre mon destin et vous verrez qu'un jour je serai riche et connu, on m'admirera et on me respectera !
Sur un terrain vague de Bombay
D'un côté, une estrade où Seth Sonachand Dharmanand, devant son micro, va commencer son discours sous les cris de ses supporters.
– Rien ne vaut la culture nationale ! Regardez un peu comme je suis habillé : des pieds à la tête, tout a été fabriqué en Inde !
A un jet de pierre, Raj, debout sur une caisse rameute les passants :
– Mes chaussures sont japonaises, mon pantalon anglais, mon chapeau russe, mais mon cœur reste indien !
(rappel de la célèbre chanson du début) !
– Quoi de plus important que le pain, les roti, nan, chapati, rappelle Raj. Mais que faut-il pour en manger ?
– De l'argent, répondent les badauds de plus en plus nombreux autour de Raj qui gesticule.
– Oui, bien sûr de l'argent, répond Raj, mais aussi de bonnes dents ! Sinon, c'est la maladie qui guette puis l'affaiblissement de tout le pays, et l'invasion qui va faire de nous des esclaves...
– Seulement 4 annas pour un flacon de poudre de lune et de soleil pour des dents solides... Faites la queue, s'il vous plaît, faites la queue...
– Je crois que je vois un 420 qui vend de la poudre, murmure Seth à son serviteur. Tu n'as pas envie de l'essayer ?
– Elle vient d'où, votre poudre ?
– De Chowpatty (une plage de Bombay), répond Raj,
– Il vous vend du sable, c'est une arnaque ! s'exclame l'infiltré.
Et Raj s'extirpe de la foule pour éviter les coups qui tombent de tous côtés.
Sur le trottoir
Raj retrouve ses amis sans-logis qui lui soignent le bas du dos avec une brique chaude.
– C'est bien fait pour toi ! Ça ne se fait pas des choses pareilles...
– Raj, toi tu es éduqué, remarque un homme. Tu crois que le gouvernement va nous construire des maisons un jour ?
– Pour certains oui, mais il faudra travailler pour payer le loyer, répond songeusement Raj.
–
J'avais un boulot à 45 roupies dans une blanchisserie, annonce un autre. Ils m'ont déduit 20 roupies parce que j'avais brûlé un vêtement. C'est pas juste. Alors, j'y retourne pas !
– Tu n'y retournes pas ? s'exclame Raj, sidéré. Donne-moi le nom !
– La blanchisserie Jai Bharat (Jai Bharat signifiant "Vive l'Inde")
A la blanchisserie Jai Bharat
Raj se présente pour du travail.
– Vous connaissez déjà le métier ?
– J'ai travaillé à la Sunlight Soap Laundry à Madras
(c'est trop loin de Bombay pour vérifier)... je suis d'une lignée de laveurs !
– Mais vous avez l'air d'un clown... vous travaillez dur ? Vous êtes honnête ?
Raj aquiesce à toutes les questions.
– Alors, je vous prends pour 45 roupies et vous commencez tout de suite.
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(On entend des violons qui pleurent) |
Raj va s'affairer nerveusement sur un costume étalé sur une table à repasser...
A l'école de Vidya
C'est l'heure du cours d'orthographe. Elle apprend aux enfants à écrire les lettres du dieu Ram, et petit à petit, en changeant une lettre, il devient Raj.
– Répétez, les enfants !
– Raj... Raj... Raj...
A la blanchisserie
Raj repasse un costume qu'il verrait bien sur lui...
A la porte de Vidya, le soir. Toc, toc.
– Oh, c'est vous ! dit Vidya, étonnée.
– Je viens vous apporter ça... Vous allez bien ? Et votre père aussi ?
– J'ai une bonne nouvelle, j'ai acheté une blanchisserie à Parsi Bazaar, passez me voir un jour. Et j'ai un nouveau costume. Je suis tellement occupé, que je n'ai pas eu le temps de changer de chaussures... Je vous laisse maintenant...
A la blanchisserie
Raj habille le mannequin en vitrine, et voyant Vidya passer, il la rejoint.
– Je passais voir comment marche la blanchisserie...
– Très bien, argumente Raj. Avec 15-20 employés, je suis le boss ! Je mange et je bois bien... Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ? Un thé au Taj ou au Greens
(établissements de luxe) ?
– Non, non, c'est bien trop loin...
– Alors... allons à mon palace sur le trottoir, juste à côté...
Elle s'assied sur le banc.
Raj va commander 2 thés avec sucre et lait.
– Et les 6 roupies 10 annas que tu me dois ? demande le marchand.
– J'ai du travail maintenant, je te les rembourserai très vite... mais le thé d'aujourd'hui... regarde-la, mon honneur est en jeu.
Raj rejoint Vidya et les 2 thés arrivent prestement. Le marchand fait un signe de la main pour réclamer l'argent.
– Vous avez 2 annas ? demande Raj à Vidya. Il n'a jamais de monnaie sur 100 !
Vidya paie et boit son thé.
– Vidya, je peux dire quelque chose ?
– Bien sûr...
– Si deux jeunes gens tombent amoureux, ils devraient se marier, non ? Puis avoir des enfants... Ils auraient besoin d'une maison et de vêtements pour habiller les enfants, et puis les enfants iraient à l'école...
Vidya... je ne possède que 45 roupies dans la blanchisserie. Comment rêver de mariage ?
– Un homme ne peut pas y arriver tout seul. Mais à deux, on peux essayer...
– Vous voulez dire vous et moi ? Moi et toi ?
Vidya répond silencieusement.
– Demain, j'irai rendez visite à ton père...
(ce qui signifie qu'il va la demander en mariage).
Chanson Pyar Hua Ikrar Hua par Lata Mangeshkar et Manna Dey
LA chanson d'amour du cinéma indien
(On s'est avoué notre amour)