Durant un concert à Pune en 2011* |
Une belle découverte que vous pourrez compléter par de nombreux morceaux figurant sur YouTube.
Fille du très respecté Pandit Ajoy Chakrabarty, Kaushiki Chakrabarty, à peine plus de 30 ans, aujourd’hui Kaushiki Chakrabarty Desikan depuis son mariage avec le chanteur Parthasarathi Desikan, s’impose comme le nouveau joyau de la musique classique indienne, dans la grande tradition du style hindoustani du Nord, avec le chant khyal et le thumri notamment.
Le khyal (ou khayal) est aujourd’hui le style prédominant du chant classique hindoustani. " Le khyal est né de la rencontre entre l’ancestral dhrupad hindou et les musiques arabe et persane comme le qawwali, dans le cadre de la cour des sultans aux XVIe et XVIIe siècles. "
Le thumri (ou thumree) est "un style musical exaltant la dimension lyrique et affective par opposition au brillant du khyal, accordant une grande place à l’ornementation […] Le rôle de la poésie y est déterminant. Ce style est surtout choisi par les voix féminines. " (citations extraites de L’Art du raga par François Auboux, éditions Minerve).
Le thumri est souvent présenté comme un style plus léger, intermédiaire entre les musiques savantes et les musiques populaires.
Le nom Chakrabarty l’indique, cette famille est bengalie, de Kolkata (Calcutta). La tradition du Bengale se perpétue, terre de tant de grands artistes et de grands intellectuels dans tous les domaines : littérature, musique, cinéma, philosophie...
Les premiers gourous de Kaushiki dans l’apprentissage du chant ont été sa mère, qui remarqua rapidement son don très précoce, puis son illustre père, qui n’a pas hésité à déclarer un jour qu'elle était meilleure que lui.
La carrière internationale de Kaushiki s'est accélérée lorsqu’elle a reçu un BBC Award pour l’un des ses albums, Pure, en 2005.
Depuis lors, elle remplit des salles de concert dans le monde entier, dont le Théâtre de la Ville et la Cité de la Musique à Paris, devant des publics qu'elle hypnotise en conjuguant dans son chant à la fois l’intensité, l’expressivité et la virtuosité technique.
Elle a été encensée par les plus grands maîtres du chant hindoustani : Bhimsen Joshi, Jasraj…
Sa voix est pure, chaude, colorée (ambrée, de miel, sont les qualificatifs qui reviennent dans l’expression des connaisseurs) ; elle donne une grande impression de facilité, car sa maîtrise technique est hors normes ; le contrôle de la voix est impressionnant, l’intensité de l’expression et de l’émotion est toujours prenante.
J’aurais pu vous proposer de nombreuses vidéos illustrant les différentes facettes de son talent. J’ai choisi un seul thumri, genre dans lequel elle est éblouissante.
Voici l’enregistrement, lors d’un concert donné à Budapest, du Mishra Charukeshi Thumri interprété de façon magistrale.
Dix minutes de musique pure, dix minutes d’émotion, dix minutes de la plus haute expression artistique.
Sur cette vidéo, le joueur de tempura, Christian Ledoux, a longtemps été (et est peut-être encore) le découvreur d'artistes indiens pour le Théâtre de la Ville à Paris.
* Merci à Creative Commons et Mvkulkarni23 pour la photo du concert de Pune.
* Merci à Creative Commons et Mvkulkarni23 pour la photo du concert de Pune.
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