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Vous allez devenir addicts. Vous êtes prévenus !

jeudi 30 avril 2009

Glossaire de l'Inde : J & K

Jeûne.
Déjà évoqué dans les textes anciens, le jeûne fait partie de la culture indienne, à la fois d'un point de vue spirituel, pour unir le corps et l'esprit, et d'un point de vue médical pour purifier le corps. Les types de jeûnes sont très nombreux ; certains s'abstiennent de prendre telle ou telle nourrriture pendant le temps qu'ils estimeront nécessaire, d'autres jeûneront uniquement le jour de leur dieu préféré (le mardi, c'est Hanuman), pendant les grandes fêtes religieuses, ou à la pleine lune.
Ainsi, la pleine lune du mois de kartik (octobre/novembre) est marquée par le jeûne total des femmes mariées pour assurer santé et prospérité à leur époux. Cet épisode est représenté de façon romantique dans le cinéma indien, comme dans K3G (La Famille indienne) et DDLJ, où les femmes sont exemplaires (photo ci-contre : quand la lune se lève - on la regarde à travers une passoire -, c'est la fin du jeûne).

Kama Sutra.
A l'étranger, l'Inde est connue, entre autres, pour le Kama Sutra et pour les sculptures érotiques des temples de Khajuraho. Quel fossé entre ces œuvres et l'attitude des Indiens vis-à-vis de tout sujet pouvant évoquer, même de loin, une vague idée sexuelle ! La pudibonderie et la timidité des Indiens sur ce sujet sont désarmants.
Le cinéma, qui est un reflet souvent embelli de la vie indienne, suit la même règle, surveillé de près par la censure : pas de baiser sur la bouche, pas de scène dénudées. Les défilés de mode - souvent étrangers - ont même été interdits pendant quelque temps à la télévision (en particulier les défilés de maillots de bain et de lingerie).

Kargil.
En mai 1999, des rebelles soutenus par le Pakistan s'infiltrent dans le Cachemire indien près de Kargil. Il n'en faut pas plus pour que les forces indiennes interviennent dans cette région montagneuse située à plus de 5000 mètres d 'altitude. Ce sont les Etats-Unis et Bill Clinton qui mirent fin à l'affrontement en juillet 1999. Ce conflit éclair entre deux pays détenant l'arme nucléaire fit environ 1500 morts indiens dont l'Inde se demanda à quoi ils ont servis. La conséquence fut la remontée du sentiment patriotique et de l'admiration pour les soldats stationnés à la frontière avec le Pakistan. Le cinéma s'est inspiré du sujet en particulier avec LOC: Kargil (J.P. Dutta, 2003) qui fut amplement récompensé.

Khan.
L'industrie cinématographique est un nid de Khan - certains diraient un festival de Khan. Parmi les plus connus (en ordre alpha), Aamir, Irrfan, Salman, et le roi proclamé, Shahrukh. Ensemble ils influent sur la tendance de l'industrie du cinéma, et remplissent les poches de quelques producteurs - parfois eux-mêmes. Bon an, mal an, chacun sort hits ou flops qui mettent rarement leur carrière en jeu car le public reste fidèle à ses idoles.

Kolkata.
Cette ville à l'ambiance particulière, dresse fièrement ses grandioses bâtiments victoriens. Mais tout près de là, on passe directement au décati. Le célèbre Indian Coffee House de College Street, lieu de rendez-vous des écrivains, cinéastes, et étudiants depuis 1958, en est une preuve saisissante ; cage d'escalier recouverte de tracts et graffitis, tables et chaises spartiates, ambiance de syndicat. Le manque de confort ne gêne en rien les habitués qui, en bons Bengalis, aiment discuter pendant des heures.
C'est peut-être cet amour de la discussion qui a donné naissance à tous les intellectuels bengalis qui ont marqué ou marquent encore la vie culturelle du pays.

mardi 28 avril 2009

Ciné-club : les films d'action

Suraj (1966)
Ce film est destiné à ceux qui aiment l'atmosphère des films de cape et d'épée où le héros est le bandit (ou le contraire ?) et où la princesse joue à la servante. Mais qui va épouser qui ?
Un film d'aventures dans un flamboyant Technicolor où Rajendra Kumar interprète avec humour un rôle en costumes, inhabituel pour lui. Les héroïnes sont charmantes à souhait. Les chansons et les ballets sont de premier choix.
Réalisateur : T. Prakash Rao
Héroïnes : Vijayanthimala, Mumtaz
Héros : Rajendra Kumar
Compositeurs : Shankar et Jaikishen
Chanteurs : Asha et Mohd. Rafi
Notre avis : 3/5

Sholay (Flammes, 1975)
Deux repris de justice sont engagés par un ancien policier pour débarrasser un village de ses pilleurs.
Le thème ressemble à celui des 7 Mercenaires, mais cette version intègre des éléments et des personnages typiquement indiens. Grâce, entre autres, à Amitabh Bachchan et à Dharmendra, qui forment un duo aussi disparate que possible, le film est devenu un classique qui battit tous les records de longévité à son époque.
Réalisateur : Ramesh Sippy
Héroïnes : Hema Malini, Jaya Bhaduri-Bachchan
Héros : Dharmendra, Amitabh Bachchan, Sanjeev Kumar
Compositeur : R.D. Burman
Chanteurs : Lata, Kishore
Notre avis : 3,5/5

Don (1978)
Après avoir tué le chef d'un clan mafieux (un don), la police le remplace par un sosie pour éviter une guerre des mafias.
Un rythme effréné d'un bout à l'autre du film où Amitabh joue le rôle du don et celui de son sosie, un brave chanteur des rues. C'est parfois prévisible, mais on y trouve amplement son compte. Si vous n'aimez pas Amitabh, voyez le remake de 2006 avec SRK et Priyanka.
Réalisateur : Chandra Barot
Héroïne : Zeenat Aman
Héros : Amitabh Bachchan (récompensé)
Compositeurs : Kakyanji et Anandji (2 frères)
Chanteurs : Asha et Kishore (récompensés)
Notre avis : 4/5

Calcutta Mail (2003)
Le héros arrive en train à Kolkata pour y retrouver un homme dont on lui a donné le nom. Par flash-backs on apprend petit à petit comment il en est arrivé là.
Le rythme est soutenu, Anil est parfait, Rani est jolie et coquine. Un film qui a trouvé un bon équilibre entre action parfois violente et détente.
P.S. Le Bihar est réputé pour être un Etat hors la loi.
Réalisateur : Sudhir Mishra
Héroïnes : Rani Mukerji, Manisha Koirala
Héros : Anil Kapoor
Compositeur : Anand Raj Anand
Chanteurs : Kavita, Alka, Udit, Shaan, Sukwinder
Notre avis : 3/5

lundi 27 avril 2009

L'affiche de l'expo Raj Kapoor

En avant-première, voici l'affiche dont nous allons utiliser le visuel pour la communication de l'expo Raj Kapoor qui aura lieu cet automne, quelque part à Paris.
Il s'agit de l'une des diverses affiches de Barsaat représentant Raj Kapoor et Nargis dans une scène romantique du film que Raj Kapoor réalisa, produisit et interpréta en 1949.
Bientôt, de nouvelles nouvelles !

dimanche 26 avril 2009

La photo de la semaine - Dharavi

Bollymages. Le cinéma Pinky à Dharavi, mai 2008.

Dans le "bidonville" de Dharavi, les hommes peuvent se payer une séance de cinéma pour une poignée de roupies. Le confort est à l'avenant. Le Pinky compte deux niveaux, reliés par une échelle-escalier, sans fauteuils ni chaises, où les spectateurs s'assoient, s'accroupissent l'un derrière l'autre ou s'allongent sur le sol, selon l'affluence. Les écrans sont petits, la pellicule est souvent de mauvaise qualité, mais les spectacteurs y trouvent 2 ou 3 heures de détente grâce aux films d'action et aux séquences chantées.

samedi 25 avril 2009

Chanson de film - Duplicate (1998)

Duplicate (Sosie) est l'une des rares comédies réalisées par Mahesh Bhatt. SRK y joue un double rôle, celui d'un gentil qui aime une gentille fille, et celui d'un méchant qui aime une méchante fille. On retrouve ce double jeu dans la chanson Mere Mehboob, Mere Sanam (Mon aimée, ma chérie) où SRK se fait draguer par la méchante Sonali alors qu'il voudrait bien taquiner la gentille Juhi.
Réalisateur : Mahesh Bhatt, voir hier
Héroïnes : Juhi Chawla et Sonali Bendre
Héros : SRK
Compositeur : Anu Malik
Chanteurs : Alka et Udit
Chorégraphie : Farah Khan

vendredi 24 avril 2009

Familles du cinéma indien : les Bhatt

En haut, de g. à dr. : Mahesh Bhatt 2 fois, Mukesh Bhatt et son épouse, Mukesh Bhatt
En bas, de g. à dr. : Poja Bhatt, Vikram Bhatt, Emraan Hashmi, Mohit Suri

Mahesh Bhatt (1949) est le fils du réalisateur hindou Nanabhai Bhatt et d'une mère musulmane, ce qui eut une influence sur sa vie professionnelle et les sujets qu'il aborda.
Il commença sa carrière de réalisateur par des films parallèles, tels Arth (1982) et Saaransh (1984) qui lui valurent plusieurs récompenses et l'estime du public.
Avec son frère Mukesh, il créa Vishesh Films, une société de production, et sortit des films commerciaux dramatiques, d'amour, des comédies et des thrillers. Des éléments de sa vie privée, émaillés de scènes qualifiées de sulfureuses en Inde, entrent souvent dans les scénarios de ses productions qui sont généralement des films sans tête d'affiche, donc à petit budget, et rapidement amortis. En revanche, des débutantes douées comme Rani ou Kangana ont trouvé chez lui un tremplin qui les a propulsées vers les rôles d'héroïnes.

Pooja Bhatt (1972)
Mahesh Bhatt fit débuter sa fille Pooja à 17 ans dans une série TV ; elle tourna de nombreuses fois dans les films de son père, puis devint elle-même réalisatrice et productrice.

Mukesh Bhatt
Le frère de Mahesh Bhatt est avant tout un producteur qui travaille souvent en famille ; son fils Vikram, ou ses neveux, Mohit Suri et Emraan Hashmi comptent parmi ses fidèles.

Vikram Bhatt (1969)
Le fils de Mukesh Bhatt, s'est lancé dans une carrière de réalisateur en 1992. Il écrit souvent ses scénarios et a montré une tendance pour les films à suspense (Raaz, 2002, Aetbaar, 2004), et les revenants (1920, 2008)

Emraan Hashmi (1979)
Le neveu de Mahesh et de Mukesh a trouvé chez ses oncles le moyen de lancer sa carrière : il débute dans des films parlant d'adultère et de crime, épicés d'un peu d'érotisme à l'indienne, comme Zeher et Murder. C'est là qu'il gagna son surnom de serial kisser dont il n'arrive plus à se débarrasser.
Ses rôles restent toujours marqués d'une teinte sulfureuse, et le succès de Jannat (2008) a fait de lui un acteur dont la cote a considérablement augmenté.

Mohit Suri (1981)
Mohit Suri a fait jouer son cousin Emraan dans tous les films qu'il a réalisés. Pourra-t-il encore le faire, maintenant qu'Emraan a goûté à la gloire avec d'autres réalisateurs ?

jeudi 23 avril 2009

Glossaire de l'Inde : H & I

Hindi.
C'est la langue la plus parlée en Inde, principalement dans la moitié nord du pays où elle vient s'ajouter à la langue officielle de chaque Etat. Ainsi les Indiens du Nord parlent-ils souvent deux langues, à laquelle on peut parfois ajouter l'anglais (voir Hinglish). En revanche, le Bengale et les Etats du Sud sont allergiques au hindi comme langue nationale. Ce projet provoqua d'ailleurs des manifestations au Tamil Nadu en 1965.
Cependant, le cinéma de Bollywood, en hindi, est accepté à petites doses dans ces régions, quand il n'est pas doublé dans la langue locale.

Hinglish.
Cette langue en formation, à cheval sur l'hindi et l'anglais, a ses propres règles de grammaire, et se construit d'abord dans les milieux urbains avant de migrer vers les campagnes. La télévision aussi vient renforcer le phénomène : quand on regarde une émission indienne, on entend souvent des mots, une phrase ou une expression en anglais s'immiscer entre deux phrases en hindi, donnant la fugace impression de comprendre une langue inconnue !
Ci-dessus, l'affiche du film Jab We Met (Quand nous nous sommes rencontrés, Imtiaz Ali, 2007), bel exemple de hinglish : l'hindi jab = quand, l'anglais we met = nous nous sommes rencontrés). Au-dessus figure le titre hindi en alphabet devanagari.

Hospitalité.
Nous l'avons expérimentée plusieurs fois dans des milieux différents. Chez les gens modestes, en ville ou en campagne, nous avons toujours eu l'impression de bénéficier d'un régime de faveur et d'être considérés comme des hôtes d'honneur. C'en est presque gênant, mais il faut l'accepter sans broncher. Ci-contre, Bharti et Saku préparent notre dîner d'invités sur un trottoir de Bombay.
L'impression est toute autre dans la classe moyenne des villes où l'accueil est aussi chaleureux ; la différence sociale, quant à elle, est complètement effacée. L'étranger n'est pas considéré comme supérieur, mais comme étonnant.

Illetrisme.
Près de la moitié de la population indienne (les femmes plus que les hommes) ne sait ni lire ni écrire. Les raisons de ce grave problème sont diverses ; dans les zones rurales, par exemple, on préfère garder les enfants dans les champs ou leur faire faire de petits jobs.
La Constitution, qui est un joli texte démocratique, a rendu l'école primaire obligatoire - mais les subventions prennent des raccourcis - et a réglementé le travail des enfants sans prévoir les contrôles.
Enfin, il existe dans les campagnes une tradition de communication orale qui finit par prendre le dessus sur l'écrit. Les ONG ont du pain sur la planche.

Indira.
Il existe sans doute des millions d'Indira en Inde. Mais quand on dit "Indira" on pense à Indira Gandhi, fille de Nehru, mariée à Feroze Gandhi (rien à voir avec le mahatma Gandhi) et Premier ministre de l'Union indienne de 1970 à 1977 et de 1980 jusqu'à son assassinat en 1984.
A son actif : avoir donné à son pays l'autosuffisance alimentaire. Sa force et sa faiblesse : un immense désir de puissance qui l' a amenée à s'entourer de délateurs et d'incompétents de façon à pouvoir prendre toutes les décisions. A son passif : l'état d'urgence qui jugula toute l'opposition et toutes les initiatives, plongeant le pays dans un état de peur et d'insécurité pendant près de 2 ans.

mercredi 22 avril 2009

Raj Kapoor : posters petit format

Les affiches de Raj Kapoor envoyées par Aziz nous arrivent par e-mail, bordées d'une règle aux chiffres quasi illisibles. Nous venons d'en recevoir de fort intéressantes, car elles semblent de petit format, mais au prix du grand format ! Comme nous nous étonnions par e-mail de cet état de fait, Aziz nous répondit qu'elles étaient plus rares que les grandes, et que celles-ci en particulier venaient de chez les filles de Raj Kapoor. Devant de tels arguments, qu'auriez-vous fait ?
Dans un mois nous serons à Bombay pour la transaction définitive au-dessus d'un verre de thé ou d'un cola. Une quinzaine d'affiches et une dizaines de programmes nous attendent dans un petit local de Chor Bazaar.

mardi 21 avril 2009

Ciné-club : les NRI

Depuis les années 1990, la diaspora indienne dans le monde commence à représenter un chiffre d'affaires non négligeable pour l'industrie du cinéma indien. On assiste depuis 1995 à la naissance de films plus particulièrement destinés à cette population qui a souvent le mal du pays.

DDLJ (Dilwale Dulhania Le Jayenge, Le cœur vaillant emportera la mariée, 1995)
Lors d'un voyage en train en Europe, deux étudiants indiens de Londres tombent amoureux l'un de l'autre (il s'agit d'un garçon et d'une fille !). Le père de la jeune fille fait les gros yeux, (vraiment, regardez bien) car il veut que sa fille se marie avec le fils d'un ami resté en Inde. L'amoureux devra aller la chercher là-bas. Fastoche, il n'y a qu'un milliard et quelques millions habitants.
Ce film qui eut un immense succès - il passe toujours au Maratha Mandir, le cinéma d'origine, à Bombay - fut le premier à mettre en scène des NRI (non-resident Indians). La première partie, qui se déroule en Europe, met en avant les talents comiques de Kajol et de SRK, alors que la seconde partie, en Inde, moins légère, rappelle les rituels auxquels les Indiens sont très attachés.
Réalisateur : Aditya Chopra (son premier film)
Héroïne : Kajol
Héros : SRK
Compositeurs : les frères Jatin et Lalit
Chanteurs : Lata, Asha, Udit, Abhijeet
Notre avis : 4/5

Monsoon Wedding (Le Mariage des moussons, 2001)
A Delhi, une famille met au point les derniers préparatifs du mariage arrangé de leur fille avec un NRI du Texas. Les invités des deux familles viennent d'Inde, d'Australie, des Etats-Unis et l'excitation du père est a son comble quand l'organisateur du mariage prend du retard. Il ne sait pas encore ce qui l'attend pendant les trois jours que dureront les festivités.
La réalisatrice, Mira Nair, est elle-même une NRI installée à New York. Elle a commencé sa carrière par des documentaires réalisés en Inde (sur les danseuses de cabaret), puis adopta un style docu-drama avant la lettre dans lequel elle réalisa Salaam Bombay en 1987 qui lui valut des prix dans de nombreux festivals, dont celui de Cannes.Réalisatrice : Mira Nair
Héroïne : Vasundhara Das
Héros : Naseeruddin Shah (un des plus subtils acteurs indiens, qui joue le père)
Compositeur : Mychael Danna
Chanteur : Sukhwinder Singh
Notre avis : 4/5

Bend it like Beckham (Joue-la comme Beckham, 2002)
En Grande-Bretagne, une jeune Indienne d'une famille sikhe orthodoxe joue au football pour se libérer de l'emprise de son père. Le jour où elle est sélectionnée par l'entraîneur pour participer à un match à l'étranger, l'affaire se corse.
Gurinder Chadha est aussi une réalisatrice NRI, née au Kenya et habitant à Londres où elle réalise des documentaires pour la BBC ou pour Channel 4.Réalisatrice : Gurinder Chadha
Héroïne : Parminder Nagra
Héros : Jonathan Rhys Meyers
Notre avis : 3,5/5

Amu (2005)
Née en Inde mais adoptée et élevée aux USA, Amu retourne dans son pays natal à 20 ans pour trouver ses racines. Elle commence une difficile enquête sur les lieux de son enfance et remonte petit à petit le temps jusqu'à reconstituer la vie de ses parents et découvrir une terrible vérité.
Shonali Bose traite par petites touches le sujet douloureux évoqué dans ce film remarquablement interprété par Konkana Sen. Shonali Bose vit à Toronto, Amu est son premier film.Réalisatrice : Shonali Bose
Héroïne : Konkana Sen
Notre avis : 4/5

lundi 20 avril 2009

Les dessous de la campagne indienne

Depuis jeudi dernier, les 28 Etats de l'Union votent à tour de rôle pendant 4 semaines : quelque 700 millions d'électeurs vont élire leurs députés au Parlement, mais à quel prix ?
Le Centre d'études des médias de New Delhi estime que la campagne indienne coûtera plus cher que la dernière campagne américaine, soit l'équivalent de 1,5 milliard d'euros !

En effet, communiquer, c'est-à-dire se déplacer facilement d'une ville à l'autre pour des meetings, n'est pas chose aisée en Inde ; alors, les candidats préfèrent affrêter un hélicoptère ou un avion, selon la distance.
Dans l'Uttar Pradesh, les affiches électorales, qui ne résistent pas au vandalisme, ont été remplacées par 60 statues d'éléphants en pierre grandeur nature (photo ci-dessus). L'éléphant est le symbole du BSP représenté par Mayawati, une redoutable intouchable devenue Chief Minister dans cet Etat, et qui lorgne le poste de Premier ministre de l'Union indienne.

Bien qu'une somme précise soit allouée aux candidats, ces derniers ne lésinent pas sur les dépenses supplémentaires qu'ils vont cependant payer de leur poche : s'ils sont élus ils récupéreront leur mise au moins dix fois, tant la corruption est monnaie courante, c'est le cas de le dire (selon le Comité de vigilance sur les droits de l'homme, à Bénarès).

Enfin, chacun sait en Inde que de l'argent noir est illégalement distribué pour acheter des voix ; une façon pour les futurs électeurs de se faire quelques extras grâce au défilé des partis. L'argent noir circule caché dans les recoins des voitures ou des camions ; certains candidats moins futés ont même été pris en flagrant délit par une caméra. Le bonheur est dans la campagne ?
D'après Le Monde du 16 avril 2009

dimanche 19 avril 2009

La photo de la semaine - Cochin

© Bollymages. Cochin, novembre 1992

Cochin (ou Kochi) est la ville la plus peuplée du Kerala et l'un des ports les plus importants sur la mer d'Arabie. Ses liens commerciaux avec de nombreux pays qui venaient ici s'approvisionner en épices remontent à plusieurs siècles. Ainsi les commerçants chinois ont-ils importé les carrelets, ces grands filets de pêche suspendus qui font toujours partie du paysage du bord de mer.

samedi 18 avril 2009

Chanson de film - Parineeta (2005)

Tiré du roman éponyme de l'écrivain bengali Sarat Chandra Chaterjee, Parineeta (La Femme mariée) met en scène deux familles voisines de niveau social différent dans les années 1960 à Calcutta (vous verrez l'ancien pont dans la chanson). La famille aisée, qui élève la fille des voisins, voit son fils tomber amoureux d'elle...
L'atmosphère de la chanson Piyu Bole (L'amoureux a dit) reflète bien l'atmosphère du film dont la reconstitution historique - décors et costumes - a été récompensée lors des Filmfare de 2006. La chanson se situe pendant la période calme de la relation entre les deux amoureux.
Réalisateur : Pradeep Sarkar
Héroïne : Vidya Balan
Héros : Saif Ali Khan, dont je parlais hier
Compositeur : Shantanu Moitra, très inspiré par un air composé par Satyajit Ray pour la scène de la balançoire de son film Charulata (1964)
Chanteurs : Shreya Ghoshal et Sonu Nigam

vendredi 17 avril 2009

Familles du cinéma indien : les Pataudi

En haut : Sharmila à travers les âges
En bas de g. à dr. : Sharmila et Soha, Soha, Saif


La famille Pataudi ? Kesako ?
Voyez les photos, vous la connaissez sûrement.

Sharmila Tagore (1946) a commencé sa carrière en 1959 avec Satyajit Ray avant d'épouser en 1969 le dernier nabab de Pataudi, Mansoor Ali Khan, ancien capitaine de l'équipe indienne de cricket (ce qui est quasiment un titre royal).
Elle poursuivit une carrière couronnée de succès à Bombay où elle tourna dans des films devenus des classiques comme Aradhana et Amar Prem avec Rajesh Khanna, ou Mausam avec Sanjeev Kumar. Sa carrière n'a connu aucun répit jusqu'en 1989. Depuis quelques années elle se trouve de l'autre côté de la barrière, à la tête du Comité de censure.

Son fils, Saif Ali Khan (1970), surnommé Chhote Nawab - le petit nabab - a entamé une carrière cinématographique en 1992 qui va de l'action à la comédie en passant par le romanesque. Parmi ses films primés, on peut citer Dil Chahta Hai, Omkara et Parineeta.
Il a divorcé de l'actrice Amrita Singh en 2004.

La fille de Sharmila, Soha Ali Khan (1978), a aussi pris le chemin des studios au début des années 2000. Ses rôles ont pris de l'importance avec Rang De Basanti, Mumbai Meri Jaan et Ahista Ahista.

jeudi 16 avril 2009

Glossaire de l'Inde : E & G

Etat d'urgence.
© Bettmann/CORBIS - Annonce de l'état d'urgence par Indira Gandhi
De juin 1975 à mars 1977, Indira Gandhi instaura l'état d'urgence pour ne pas avoir à démissionner à la suite d'élections perdues : elle s'empara de pouvoirs dictatoriaux pendant cette période où les hommes politiques de l'opposition furent emprisonnés, où les coupures d'électricité empêchaient les journaux de paraître et la télévision d'émettre. Son fils cadet, Sanjay Gandhi, qui n'avait aucun mandat, obligea des milliers d'hommes, surtout dans les campagnes, à se faire vasectomiser dans des camps spéciaux... en contrepartie d'un transistor (sans doute pour faire appliquer les lois de sa mère sur le planning familial - 2 enfants par couple).
Cette période qui se termina par de nouvelles élections qui renvoyèrent le gouvernement en place, fit prendre conscience aux Indiens que ce qu'ils considéraient comme acquis ne l'était pas ; la presse, en particulier, se trouva renforcée dans sa détermination de liberté.
L'excellent roman de Rohinton Mistry, L'Equilibre du monde, décrit la vie quotidienne de petites gens durant cette période.

Gandhi.
Gandhi et Nehru à Bombay en juillet 1946, pendant une réunion du parti du Congrès.
Une intéressante biographie, Gandhi, sa véritable histoire par son petit-fils par Rajmohan Gandhi, a été éditée chez Buchet Chastel en octobre 2008. Un ouvrage très détaillé sans jamais être ennuyeux.
A noter aussi un ouvrage iconographique, Gandhi, par Peter Rühe, chez Phaidon en 2002. Toute la vie de Gandhi en photos.

Gange.
© Bollymage. Bénarès, octobre 1992.
Ce fleuve d'environ 3000 km de long prend ses sources dans l'Himalaya, traverse l'immense plaine du nord de l'Inde et se jette dans le golfe du Bengale, mêlé aux eaux du Brahmapoutre, formant le delta des Sunderbans, immense mangrove où des îles ont déjà disparu à la suite du réchauffement climatique (les habitants ont été déplacés).
Pour les Indiens, le Gange est un fleuve sacré au bord duquel plusieurs villes sont d'importants centres de pèlerinage : Rishikesh, Hardwar, Allahabad et Bénarès, attirent parfois, à l'occasion de fêtes qui se répètent à plusieurs années d'intervalle, des millions de pèlerins en quelques jours ; mais il existe aussi des pèlerinages individuels et familiaux pour demander des faveurs à un dieu, pour le remercier ; les raisons ne manquent pas.


Golfe.
Pour beaucoup d'immigrants, c'est la région pavée d'or, où les équipements électroniques ne sont pas chers. Nombreux sont ceux qui ont tout vendu, abandonnant une existence correcte de fermier en Inde pour un poste mieux payé de chauffeur, de boutiquier ou d'employé dans un pays inconnu ; même la solitude et les mauvais traitements n'empêchent pas ce mouvement de continuer, à moins que la crise...
Le Kerala est sans doute l'Etat le plus concerné par ce phénomène ; les petits hôtels qui poussent d'une façon désordonnée sur la côte sud-ouest de l'Inde ont été construits grâce à l'argent du Golfe.

mercredi 15 avril 2009

Une mère indienne façon Bollywood

En ouvrant la malle des Indes, nous avons retrouvé cette photo colorisée de Nirupa Roy, que l'on n'a pas l'habitude de voir si jeune ; cette photo doit dater des années 1950.
Née en 1934 au Gujarat, elle commença par jouer les rôles de déesses dans les films mythologiques, puis ceux d'héroïnes.
A partir des années 1970, elle fut abonnée aux rôles de Maa. Ses nombreux "enfants", tels Dev Anand, Sashi Kapoor, Amitabh Bachchan, Dharmendra ou son fils (!) Sunny Deol, vinrent se lamenter dans son giron, tandis qu'elle pleurait, priait et se sacrifait pour eux.
Dans sa carrière longue de 60 ans, on peut retenir en particulier ses rôles dans Deewar (Yash Chopra, 1975) et Amar Akbar Anthony (Mamohan Desai, 1977), qui sont maintenant des classiques. Les Indiens ont une place particulière dans leur cœur pour Nirupa Roy, la mère idéale, décédée en 2004 d'une crise cardiaque.

mardi 14 avril 2009

Ciné-club : Rahul Bose

Né en 1967 au Bengale, cet acteur n'entre pas dans le moule habituel du héros bollywoodien (les Bengalis forment vraiment une famille distincte). Militant social, rugbyman au pays du cricket, il se partage entre films parallèles et films commerciaux, qui ont cependant quelque chose de différent. Un acteur à part, qu'il serait dommage de ne pas connaître.
Je vous conseille de regarder :


Thakshak (1999, Govind Nihalani)
Un thriller où Rahul Bose, psychopathe, donne du fil(m) à retordre à Ajay Devgan et à Tabu, en compagnie d'Amrish Puri, le méchant du cinéma indien, décédé en 2005.
Un rôle inhabituel pour Rahul Bose dont l'interprétation est hérissante de vérité.Avec : Tabu, Ajay Devgan
Compositeur : A.R. Rahman
Chanteurs : Alisha Chinoi, Shankar Mahadevan
Notre avis : 3,5/5



Mr and Mrs Iyer (2002, Aparna Sen)
Par hasard, on demande à Rahul, de veiller sur une jeune femme et son bébé pendant un voyage en car qui ne sera pas de tout repos.
Sur fond de violence religieuse, un film très sensible, réalisé par la Bengalie Aparna Sen qui fait jouer sa fille, la talentueuse Konkana Sen, face à Rahul Bose. Le résultat est... véritablement bengali.
Avec : Konkana Sen
Compositeur : Zakir Hussain
Chanteurs : Pandit Uday Bawalkar, Zakir Hussain
Notre avis : 3,5/5

Mumbai matinee (2003, Anant Balani)
Une comédie où Rahul Bose joue un jeune homme encore puceau à 30 ans, ce qui l'obsède car tout le monde semble au courant. Il cherche une solution. Belle galerie de personnages plus ou moins loufoques. Beaucoup d'humour.
Un sujet inhabituel qui ne peut être traité que sur le ton de la comédie dans une société indienne très machiste.Avec : Perizaad Zorabian, Vijay Raaz
Compositeur : Anand Raj Anand, Farhad Wadia
Chanteurs : K.K., Sonu Nigam
Notre avis : 3/5

Piyar ke Side Effects (Les Effets secondaires de l'amour, Saket Chaudhury, 2006)
Une comédie de mœurs, où Rahul interprète un jeune homme qui finit par déclarer son amour à sa "fiancée" et se trouve happé, contre son gré, dans le processus qui mène au mariage.
Un film drôle et pétillant où la sacro-sainte image du mariage à l'indienne est joyeusement malmenée.
Couple insolite que celui formé par Mallika, à la réputation de sex-symbol déluré, et par Rahul, l'intello. Mais l'alchimie fonctionne à merveille.
Avec : Mallika Sherawat
Compositeur : Pritam
Chanteurs : Alisha Chinoi, Sunidhi Chauhan, Kunal Ganjawala
Notre avis : 3,5/5

Rajout du 14 juillet 2010 (il pleut, alors...)

The Japanese Wife (2010, Aparna Sen)
Dans un village des Sunderbans, au Bengale, un jeune homme entame une correspondance avec une jeune Japonaise. Ils apprennent à se connaître à travers leurs nombreuses lettres, et décident de se marier par correspondance, à leur façon. Quinze ans plus tard...
Ce sujet original est traité avec sensibilité et humour par la plus universelle des réalisatrices bengalies. L'image est superbe ; presque tout le film est tourné en extérieur. Un vrai bijou. Durée : 100 min.
Héroïnes : Chigusa Takaku, Moushumee Chatterjee, Raima Sen
Héros : Rahul Bose
Compositeur : Sagar Desai
Notre avis : 4/5

dimanche 12 avril 2009

La photo de la semaine - Lucknow

© Bollymages. Décembre 2006

Le Petit Imambara de Lucknow, construit en 1838 par le nawab de l'Awadh pour donner du travail à son peuple, est un mausolée au charme suranné. Ce sont sans doute les lustres importés de Belgique qui donnent le plus de travail actuellement. Ils doivent être prêts à servir à chaque fête, et rappeller que ce monument est aussi appelé le palais des Lumières.

samedi 11 avril 2009

Chanson de film - Yaadon ki Baaraat (1973)

Yaadon ki Baaraat (Le Cortège des souvenirs) raconte l'histoire de trois petits frères séparés dans des conditions rocambolesques. Trente ans plus tard, les retournements de situation, et les miracles du scénario vont réunir les trois frères qui ne se connaissent plus, grâce à une chanson que leur maman leur faisait chanter quand ils étaient petits.
Le film est resté un classique du genre "enfants séparés". Voici cette fameuse chanson qui peut faire sourire, car la mise en scène n'a pas bien résisté au temps ; c'est le climax du film, où tous les protagonistes sont rassemblés ; alors que les méchants veillent et que maman pleure, Dharmendra (chemise noire) retrouve enfin ses deux frères.
Réalisateur : Nasir Hussain
Héros : Dharmendra. Voir famille Deol, hier.
Compositeur : R.D. Burman
Chanteurs : Kishore et Mohd. Rafi

vendredi 10 avril 2009

Familles du cinéma indien : les Deol

De g. à dr. : en haut, Dharmendra et Hema Malini à leurs débuts, puis assez récemment.
En bas, Sunny, Bobby, Esha et Abhay


"L'ancêtre" Dharmendra Deol est né au Penjab en 1935 et a joué dans quelque 200 films jusqu'à maintenant : son physique avantageux lui a permis d'interpréter des rôles aussi bien dans des films romantiques que dans des films d'action. Son film le plus fameux, et connu par cœur par les Indiens, est sans doute Sholay où il partageait l'affiche avec Amitabh Bachchan et sa future épouse, Hema Malini.

Cette dernière devint sa seconde épouse alors qu'elle était déjà surnommée la Dream Girl (Fille de rêve) du cinéma indien. Sa carrière, commencée en 1968, ne l'empêche pas de donner des représentations de bharata natyam (danse du Sud où elle est née en 1948) dont elle est une artiste accomplie.

Deux garçons sont nés du premier mariage de Dharmendra, Sunny et Bobby Deol. Si le premier a plutôt pour vocation les films d'action (Gadar est son plus grand succès), le second s'est tourné vers la comédie et la romance.

Deux filles sont nées du second mariage de Dharmendra ; à ce jour, seule Esha Deol a tenté de se faire un nom sans y parvenir. Encore un exemple qui prouve que deux parents acteurs ne sont pas un gage de réussite dans le cinéma indien.

Un cousin de Bobby et Sunny, Abhay Deol a également fait une entrée remarquée dans le cinéma où il a un penchant pour les films à tendance non commerciale (Ahista Ahista, Dev. D)

jeudi 9 avril 2009

Glossaire de l'Inde : C & D

Caste. Bien qu'aboli par la Constitution, le système des castes est toujours appliqué, principalement dans les zones rurales où il dicte les situations les plus simples de la vie : avec qui manger (ou ne pas manger), avec qui se marier, où habiter, quel métier exercer...
Dans les grandes villes, où l'on se frotte physiquement à des inconnus dans le bus ou sur le trottoir, la notion de caste a petit à petit perdu de sa signification.
De nos jours, la discrimination positive permet aux castes les plus basses de bénéficier de quotas dans l'administration... et aux politiciens de récolter leur vote.

Cachemire. Cette zone de l'Himalaya, autrefois destination favorite des touristes indiens, est devenue un terrain de bataille où l'Inde et le Pakistan se livrent à une guerre larvée depuis deux décennies. Voir photo de la semaine du 15 mars.

Dacoït. Ce bandit de grand chemin, généralement de basse caste, organisé en bandes qui volent les riches pour donner aux pauvres, a souvent été représenté au cinéma : caractère belliqueux, tueur, violeur et voleur dans l'âme. Pas une once de compassion. Son représentant fictif le plus connu est Gabbar Singh, le méchant du film Sholay (1975, Ramesh Sippy), immortalisé par Amjad Khan, qui est mort en 1992, lui.
Son pendant féminin, (bien réel celui-là) est Phoolan Devi, chef de gang, qui sévit en Uttar Pradesh dans les années 1980 (voir photo ci-contre). Habitée d'une haine farouche à l'encontre de tous les hommes qui avaient profité d'elle dans sa jeunesse, poursuivie par la police, elle dut rendre les armes en 1983. Après 11 ans de prison, elle finit par entrer au Parlement en 1996, et fut abattue devant son domicile en 2001. Ce crime n'a jamais été élucidé.
A noter : un livre, Moi Phoolan Devi, reine des bandits, Fixot, 1996, et un film/DVD, Bandit Queen (Shekhar Kapur, 1994) interprété par la troublante Seema Biswas.

Dhaba. Ces cahutes faites de bric et de broc qui servent du thé et des en-cas cuisinés maison et vendent des cigarettes, bordent les routes ; les camions et les bus s'y arrêtent car les prix sont peu élévés. Le phénomène des dhabas a tant de succès que même les hôtels de catégorie supérieure commencent à donner à leur restaurant le nom de dhaba. © Shunya.net

Dot. Depuis les années 1960 la pratique de la dot est passible d'une amende. Là encore, il faut faire la différence entre les centres urbains, plus avancés, et les zones rurales où la coutume perdure. Cette affiche du Karnataka l'atteste. Cette tradition est un délit car elle entraîne des situations désespérées : d'une part, si la famille du marié réclame une dot plus importante que prévu à la famille de la mariée, cette dernière doit s'endetter, parfois à vie (l'accord final sur la dot se faisant parfois le jour du mariage) ; d'autre part - et c'est ce qui est grave - la mariée souffre des "remontrances" de sa belle-famille qui va parfois jusqu'à provoquer sa mort, souvent à la suite d'un incendie malencontreux dans la cuisine, par exemple (on l'arrose généralement d'essence). Tous les ans en Inde, on compte plus de 2000 plaintes relatives à des femmes accidentées dans leur cuisine.
Cette situation explique en partie le déficit de filles en Inde : en effet, plutôt que d'élever une fille qui va coûter cher, les parents préfèrent choisir l'avortement (les effets pervers de l'échographie), noyer l'enfant à la naissance, ou la laisser sans soins...

mercredi 8 avril 2009

Burman de père en fils

© Picturpost, avril 1965

Père (à droite) et fils pendant une séance d'enregistrement de Teen Deviyann








La famille Burman marqua le cinéma indien de son empreinte musicale pendant près de 50 ans.

Le père, S.D. Burman (1906-1975), né dans une famille princière de l'actuel Bengladesh, suivit des études de musique et de chant qui l'amenèrent à chanter à la radio de nombreux airs d'origines populaires qui allaient influencer le début de sa carrière de compositeur. Il s'associa d'abord avec la société de production Navketan de Dev Anand puis avec Guru Dutt, pour qui il composa ses plus belles musiques, avant d'entamer une collaboration avec des chanteurs comme Lata, Kishore et Mohd. Rafi. Il composa la musique d'une centaine de films parmi lesquels Bandini, Guide ou Kaagaz ke Phool.

Son fils R.D. Burman (1939-1994), né à Calcutta, était un musicien précoce et doué, qui a longtemps été l'assistant de son père. Il fit ses premiers pas de compositeur à part entière en 1966 et se fit remarquer par son style différent, souvent inspiré par l'Occident, qui apportait une touche nouvelle à la musique de films indienne. Il contribua à la carrière de la chanteuse Asha Bhonsle, avec qui il s'était marié en 1958, et usa aussi de sa propre voix très particulière dans plus d'une trentaine de films. Parmi les films les plus connus dont il composa la musique, on peut noter Sholay, Caravan ou Teesri Manzil.

mardi 7 avril 2009

Ciné-club : comédies

Nous n'avons sans doute pas même sens de l'humour que les Indiens, mais il faut avouer que les situations de certains films, et que l'astuce et le traitement des scénarios ne peuvent nous laisser indifférents.
Voici donc un échantillon de comédies à travers les âges.


Chalti Ka Naam Gadi (Une voiture roule vite, 1958, nb) de Satyen Bose
Trois frères garagistes voient leur vie de célibataire transformée par l'arrivée d'une jolie cliente.
Les trois garagistes sont interprétés par trois véritables frères dont deux ont marqué le cinéma indien : Ashok qui fonda les Bombay Talkies à l'arrivée du parlant et qui connut une très longue carrière de 1936 à 1997, et Kishore son jeune frère, feu follet acteur et chanteur.
Madhubala était l'une des stars des années 50-60, au jeu léger et délicat. Elle épousa Kishore en 1961 (ils sont tous deux sur la photo ci-dessus).
Avec : Madhubala, Ashok, Kishore et Anoop Kumar
Compositeur : S.D. Burman
Chanteurs : Asha, Kishore (celui qui joue aussi dans le film), Manna Dey
Notre avis : 3,5/5

Padosan (La Voisine, 1968, coul.) de Jyoti Swaroop
Un grand benêt voudrait bien se marier. Il jette son dévolu sur la jolie voisine d'en face, mais s'aperçoit qu'elle est déjà courtisée. Sa bande d'amis acteurs va l'aider à la conquérir.
Sunil Dutt (à droite) joue à merveille son rôle de demeuré devant une Saira Bano qui fait la grande dame. La présence de Kishore et de Mehmood, comiques patentés de ces années, ajoute encore un peu folie à cette histoire échevelée.
Avec Saira Bano, Sunil Dutt, Kishore Kumar, Mehmood
Compositeur : R.D. Burman (fils de S.D. Burman)
Chanteurs : Lata, Asha, Kishore, Mehmood
Notre avis : 3/5

Gol Maal (L'Embrouille, Hrishikesh Mukherji, 1979)
Pour être dans les petits papiers de son patron, un jeune homme se fait passer pour ce qu'il n'est pas. Mais cette gentille arnaque n'a qu'un temps dès lors que le patron surprend son employé dans une situation embarrassante. Et tout s'emballe.
On sourit beaucoup au jeu d'Amol Palekar (photo ci-contre), qui fera souvent les jeunes hommes timides, et à celui de son patron azimuté, Utpal Dutt (acteur bengali). Malgré les apparences, Amol fit partie de la vague du cinéma parallèle des années 70, et réalisa, entre autres, en 2005 un film esthétiquement magnifique, Paheli, avec Rani Mukherji et SRK.Avec Bindiya Goswami, Amol Palekar, Utpal Dutt
Compositeur : R.D. Burman
Chanteurs : Lata, Kishore, R.D. Burman
Notre avis : 3/5
Si vous désirez acheter ce film, précisez bien le réalisateur et l'année car il existe d'autres films récents portant le même nom.


Munnabhai M.B.B.S. (Munna médecin-chirurgien, Rajkumar Hirani, 2003)
Munna, extorqueur de fonds dans la pègre de Bombay, a fait croire à ses parents restés au village qu'il était devenu médecin. C'est le branle-bas de combat le jour où les fiers parents viennent rendre visite à leur fils chéri.
Une comédie très rythmée, aux personnages bien typés pour un scénario qui tient jusqu'au bout. On y retrouve le Sunil Dutt de Padosan qui joue le père de son propre fils, Sanjay Dutt (photo ci-dessus). Le film eut tant de succès qu'un second Munnabhai sortit en 2006 : Lage Raho Munnabhai, où le gangster Munna tente de suivre les principes de non-violence de Gandhi. Un autre gros succès.Avec : Gracy Singh, Sanjay Dutt, Arshad Warsi, Boman Irani
Compositeur : Anu Malik
Chanteurs : Shreya Ghoshal, Shaan
Notre avis : 4/5

dimanche 5 avril 2009

La photo de la semaine - Bijouteries d'Allepey

© Bollymages. Allepey, novembre 1992


Au Kerala, à Allepey (maintenant Allapuzha), si l'on se lève avant l'ouverture des magasins, on peut découvrir les rideaux de fer peints qui transforment quelques rues en salles d'exposition. Ici, ce sont des joailleries qui font leur publicité.
Allepey est bien connue des touristes qui viennent y prendre des bateaux de transport ou de croisière pour les backwaters. Cet ensemble de lagunes et de canaux, qui suit la côte de la mer d'Oman, est noyé dans la verdure des cocoteraies et était la voie de transport privilégiée du riz et de la noix de coco. Récemment, la construction de ponts et l'amélioration des routes a fait diminuer le trafic local sur les backwaters, compensé par l'augmentation du trafic des bateaux de croisière.

samedi 4 avril 2009

Chanson de film - Munnabhai M.B.B.S. (2003)

Munnabhai M.B.B.S. (Munna médecin-chirurgien) est une comédie qui raconte l'histoire d'un chef de gang à Bombay qui, pour diverses raisons, doit obtenir son diplôme de chirurgien et va s'inscrire dans un CHU, toujours accompagné de son bras droit (le type en noir avec des chaînes dorées au cou). Dès son entrée dans l'hôpital, il moralise son premier "patient", un jeune homme qui a tenté de se suicider pour un amour déçu. Munna veut lui faire entendre raison et lui raconte ses déceptions et ses conquêtes amoureuses. La chanson est en tapori, l'argot de Bombay ; ça ne vous empêchera pas de comprendre !
Réalisateur : Rajkumar Hirani
Héros : Sanjay Dutt (en marcel blanc ou en chemise colorée). Voir la famille Dutt, hier.
Musique : Anu Malik
Chanteurs : Sanjay Dutt et Arshad Warsi (le type en noir)

vendredi 3 avril 2009

Familles du cinéma indien : les Dutt

De gauche à droite : Nargis et Sunil Dutt vers les années 50/60, Sunil et son fils Sanjay à la fin des années 90, Sanjay en 2008

Petite, mais adulée, la famille Dutt.
La lignée commence avec Sunil Dutt (1930-2005) dont la carrière cinématographique entre films d'amour et d'action culmina dans Mother India (1957, Mehboob Khan) où il rencontra sa future épouse, Nargis, après l'avoir sauvée des flammes durant le tournage (cette anecdote est évoquée dans Om Shanti Om de Farah Khan en 2007). Après le décès de Nargis, il tourna moins et se consacra à la politique et aux associations caritatives créées par sa femme.
Nargis (1929-1981) commença sa carrière alors qu'elle était encore enfant, mais c'est le couple qu'elle forma à l'écran avec Raj Kapoor dans les années 1950, puis l'impact de Mother India (nominé aux Oscars en 1958) qui feront d'elle une des actrices les plus aimées et les plus admirées de son époque.
Elle renonça à sa carrière après son mariage et se concentra sur son poste de député et sur ses activités caritatives et sociales. Elle mourut d'un cancer en 1981, alors que son fils Sanjay commençait sa carrière.
Lourd héritage que celui de Sanjay Dutt. Mauvais garçon de la famille dès son adolescence, il erre depuis 1981 entre des films très hétéroclites : gangsters, policiers, amoureux transis, qui lui valent cependant des récompenses et l'amour d'un public qui passe du père au fils. Compromis dans les attentats de 1993 à Bombay (affrontements entre les communautés musulmane et hindoue), ce fils de mère musulmane et de père hindou semble trouver une voie plus gratifiante dans la série des Munnabhai, qui a fait remonter sa cote de popularité grâce à un rôle de dur comique au cœur tendre.
Sanju Baba - c'est ainsi que les Indiens le surnomment - se présente aux prochaines élections générales du printemps 2009.

Namrata, une des sœurs de Sanjay, a épousé le fils de Rajendra Kumar, acteur des années 50 à 70, qui joua le frère de son père, Sunil Dutt, dans Mother India. Vous suivez ?

jeudi 2 avril 2009

Glossaire de l'Inde - A & B

Je me suis inspirée de Shashi Tharoor, écrivain, journaliste et diplomate indien, qui a énuméré dans le Times of India les symboles de l'indianness (l'indianité). J'ai choisi les mots qui me semblent les plus représentatifs.
Je démarre :

Ambassador. Cette voiture léguée par les Anglais sur le modèle de la Morris Oxford est fabriquée par Hindustan Motors (groupe Birla) au Bengale depuis 1957. Véritable éléphant sur roues, elle s'avère très lourde, dévoreuse de carburant mais assez solide pour surmonter les irrégularités des routes indiennes. Elle est bichonnée extérieurement, et décorée intérieurement par son chauffeur : chapelet, fleurs fraîches, Taj Mahal, Ganesh, photo... Elle survit plutôt dans le Sud et au Bengale et reste la voiture préférée de certains leaders politiques.
Le photographe Raghubir Singh a consacré un livre à ce symbole indien (photo ci-dessus) : A Way into India, Phaidon, 2002.

Amitabh. Chaque Indien s'est identifié un jour à l'acteur Amitabh Bachchan. L'Inde a arrêté de respirer quand il était entre la vie et la mort après un accident de tournage en 1983, et les prières de tous bords allaient bon train. Il a été élu acteur du millénaire en Grande-Bretagne. Nous avons vu presque tous ses films, même les nanars, et sommes, nous aussi, tombés sous son charme. Voir La famille Bachchan.

Astrologie. Pas de date de mariage, de voyage ou d'élections sans prendre l'avis d'un homme de l'art. Selon Shashi Tharoor, un Indien sans astrologue serait comme un Américain sans carte de crédit.

Bidi. C'est la cigarette populaire par excellence, vendue en petits fagots entourés de papier. On fume assez peu en Inde, et la cigarette semble interdite dans les lieux publics.

Birla. Cette grande famille d'industriels débuta par le prêt sur gage et le coton au début du XXe siècle ; les héritiers sont maintenant à la tête d'un groupe extrêmement diversifié (construction, automobile, textile, agriculture, assurance, télécom.). Leur nom est aussi associé à des écoles, des hôpitaux, des instituts de technologie, etc. A Delhi, Gandhi séjournait habituellement chez eux, Birla House.

Bollywood. C'est l'arme de séduction massive de l'Inde, qui s'est étendue dans le monde entier, même là où l'on ne s'y attend pas (chez ma voisine de 88 ans, par exemple).

Bureaucratie. On dirait que cet héritage des Anglais a été élevé au rang de concours national. Dans les banques, les gares et l'administration, la profusion de documents, la multitude de guichets et la lenteur des procédures, souvent interrompues par une pause-thé, feraient perdre patience à tout homme normalement constitué. Mais si l'on doit changer de l'argent ou acheter un billet de train, mieux vaut prendre son mal en patience.

mercredi 1 avril 2009

Problème de sexe ?

© Bollymages. Delhi, juillet 1993

Dans Old Delhi, sur la grande artère de Chandni Chowk , des publicités de tous styles envahissent les toits. Celle-ci nous a amusés. En bas, se trouve la pharmacie Sablok que nous avons visitée (pour un rhume) avant de nous diriger vers le Fort rouge voisin.

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